JUMPIN' in HAVANA

Quatre petits jours avant le bac, sisi, on en est déjà là, c'est passé si vite. Je me rappelle mon premier examen : le brevet il y a deux ans, à quel point j'étais mal, stressée, je ne pouvais pas dormir sur mes deux oreilles correctement et je me disais "Putain dans deux ans, je passerais le bac, comme je serais grande!" si grande, ouais ouais c'est ce qu'on dit, maintenant me voilà, toujours la même, 1m60, 49 kilos, Jack Johnson et Yann Tiersen qui passent en boucle, Mme Bovary qui m'accompagne partout où je vais, des stats, des pourcentages, des suites partout partout, non, c'est faux. Mon cerveau n'est pas en surchauffe, je vais mal, mon nez est bouché, je vais et viens entre Benjamin et Théophile; il faut à tout prix que j'y vois plus claire, que j'ose dire les choses à Théophile pour savoir, juste pour savoir. Dans treize jours, tout sera fini, je serais définitivement en vacances, à moi les Solidays, l'alcool, le tabac et toutes les substances illicites, ouais ouais, c'est ça qu'on dit. Comme c'est pitoyable, vraiment, je réussirais mon bac, ça je me le dois bien au moins juste pour leur montrer que je ne suis pas la risée de la famille, que moi aussi je vaux quelque chose, il le faut à tout prix, il le faut, il le faut, IL LE FAUT ! Comme c'est moche tout ce qui se passe, comme j'en ai marre de cette ambiance, de ne pas savoir ce que je fais dans les 2 prochains mois et en janvier, comme j'en ai marre d'avoir cru une seconde pouvoir partir aux USA, mais non, c'est vrai que c'était plus simple de démolir cet espoir en quelques mots, quelques phrases seulement adressées à Marie-Laure.

Juste SIX JOURS, trois épreuves. Théophile manque, c'est sans doute parti pour deux mois, deux mois longs, trop longs durant lesquels je ne le verrais pas, aux soirées prochaines non plus d'ailleurs, je ne peux pas. Je sais maintenant qu'il est hors de question de faire quoi que ce soit à Benjamin, parce que oui, je lui ferais du mal en tout cas on ne se fera aucun bien, ça ne rimera à rien, alors non. Que puis-je faire d'autre ? Le préserver d'accord, mais pour moi ? Rien, puisqu'il me semble que si j'avouais quoi que ce soit a Théophile ça ne changerait rien, de toute façon c'est bien le cas : mardi il n'a pas bougé un doigt rien. Je m'accroche trop, je ne sais pas lâcher prise, aller de l'avant, c'est pathétique; oui c'est vrai.