'SHIT FOR YOU!'

Onze jours, onze putains de jours puis ce sera fini, ce sera plus "je te vois tous les jours mais je fais comme si non . . .". Ce sera ensuite une semaine de course à celle qui révise le plus vite, le plus efficacement possible afin de réussir ces foutues épreuves anticipées . . . Parfois on se demande "mais que va-t-on devenir ?" et puis on se marre très fort parce qu'on a peur, on est pas prêts à plonger dans autre chose, on aime au fond ces journées bien réglées, avec ces éclats de rires très bruyants, ces discussions qui n'en finissent plus :"untel est avec untel" et puis "machin a embrassé machin", au fond ça nous manquera et on refuse de quitter cet environnement qui nous chérie, nous encadre à tous moments. On pense à ce qu'on va faire une fois le bac fini, comme pour ne pas y penser, pour se rassurer "mais non, mais c'est pas grand chose, on l'aura les doigts dans le nez, t'inquiètes, on va gérer de toute façon alors à quoi bon!", on pense aux Solidays qui semblent toujours mieux que les années précédentes, on pense aux moments qu'on pourra passer ensemble et seule, enfin.

Parfois, je veux tuer Rousseau, balancer Les Confessions à travers la pièce, juste parce que j'en peux plus, par contre j'aime à tout prix aller au Centre George Pompidou avec Léonore et puis monter tout là-haut sortir dehors et admirer le soleil qui se couche "oh so kitsch and so original, Cecile!" Vas-y mais casse-toi!

J'aime pas cette pauvre jeune fille qui ose menacer les autres, leur bouffer un an de leur adolescence sous prétexte qu'elle l'aime, parce qu'au fond elle est juste flattée et veut savoir qu'il sera toujours là à l'aimer; j'aime sa maladresse à lui, son regard paumé et ses petites manières enfantines, parce que Cocoon mardi soir dernier c'était tout simplement exceptionnel, tout comme l'été dernier, en fait.

Rêver chaque jour depuis trois mois des Etats-Unis et puis apprendre brutalement vendredi qu'il refuse, juste ça; pleurer de longues heures, parce qu'on s'y est faite à l'idée, parce qu'on en rêve maintenant, parce que ça ne semble pas jouable de passer encore un an ici avec les mêmes, là.

Parce que ce qui me manque le plus c'est sans doute ton sourire qui illumine tes grands yeux, et puis passer ma main dans tes cheveux en bataille "so pathetic, you know that?" oui, je sais, mais que veux-tu, on est tous pareils je crois bien, on en arrive toujours au même point, à ressentir les mêmes choses aux mêmes moments finalement.

Pour samedi soir, cette vue sur les toit de Paris, la Tour Eiffel "ô bergère!" qui scintillait à toute heure, le vin qui coulait dans ma gorge.

Et tu me fuis comme jamais, on me dit que ça ne doit pas être innocent, j'aime le croire mais je sais pourtant bien à quel point c'est faux, que toi seul, tu as su changer et évoluer. . . Oui, c'est ça qu'est stagner Cécile et tu as toujours excellé dans ce milieu-là, parce que toi tu ne sais pas, tu n'as jamais su, tu es bien trop faible, tu n'as pas cette capacité là, toi tu ressasses les choses encore et toujours, deux, trois ans s'il le faut. Hier j'ai pleuré toute seule comme ça, tard dans la nuit, mes sanglots m'étouffaient un peu, les larmes se coinçaient au coin de mes yeux, mais j'étais mieux ensuite, oui, c'est cela, j'étais mieux.

Je rêve de milliers de choses matérielles en ce moment, comme cette combinaison violette, ces bottines rouges, cette chemise de bucheron et celle-là en jean mais aussi des tonnes de livres et de cds qui n'ont de cesse de s'empiler les uns sur les autres.

Je rêve aussi de l'Europe de l'Est mais pourtant sans succès et je pense à St Jean D'Angély, cet été et peut-être Anne-Claire, le sourire se forme alors sur mon visage. J'aime aussi les yeux de Benjamin, son "c'est trop bien quand tu souries" au moins il y a ça, je me dis, oui c'est déjà bien. Et si je voulais plus moi? En suis-je capable? Et puis est-ce vraiment lui que je veux et pas plutôt juste quelqu'un qui me rassure, quelqu'un à qui je plais? Est-ce pas plutôt par dépit, ou pour remplir, un vide, emplacer quelqu'un? On est finit plus avec toutes ces questions, ce n'est pas bon... STOP!